Les Cieux de Pern

Des colons fuirent une Terre polluée et surpeuplée pour trouver asile sur leur nouvelle patrie, un lointaine planète aux conditions de vie similaires mais aux ressources limitées pour empêcher l'Homme de reproduire les mêmes erreurs que par le passé. Ils la baptisèrent Pern.

Malheureusement, ils n'avaient pas remarqué cette étoile errante orbitant dans le système solaire de Rukbat. L'Etoile Rouge, comme elle fut appelée par les Pernais, s'approchait à intervalles réguliers de sa grande soeur Pern sur laquelle elle faisait pleuvoir pendant une cinquantaine de révolutions un organisme vorace, dévorant toute matière organique une fois passée dans l'atmosphère. Les Fils dévoraient ainsi végétation, animaux et hommes sans distinction aucune.

Pour les combattre, des scientifiques adaptèrent une forme de vie autochtone, les lézards de feu, et la manipulèrent génétiquement pour faire naître les magnifiques dragons. Une fois adultes, ils calcinaient les Fils en plein ciel avant qu'ils ne fassent le moindre dégât au sol. Pour ce faire, ils mâchaient une pierre riche en phosphine qui au contact avec l'oxygène contenu dans l'air, leur permettait de produire une longue traînée de flammes.

Ainsi commença sur Pern une lutte sans merci pour la survie...

Nous sommes actuellement en 2725, deux siècles se sont écoulés depuis que les chevaliers-dragons ont définitivement repoussé la menace de l'Etoile Rouge grâce à l'aide du SIAAV (Système d'Intelligence Artificielle Activé par la Voix). Certains d'entre eux ont pris une retraite bien méritée sur le continent méridional tandis que d'autres continuent à se rendre utiles auprès de la population des Forts. Des fortins de pierre ou de bois s'établissent un peu partout à la surface de Pern, finies la menace des Fils et la nécessité de s'abriter dans des maisons taillées dans le roc! De nombreux Weyrs ont également fermé leurs portes, le nombre de dragons se régulant en temps de paix, ils sont maintenant moins nombreux. Il y a un siècle, deux nouveaux Weyrs furent créés dans des lieux plus agréables à vivre que les anciens, l'un sur les rives d'un magnifique lac et baptisé Azuria, un autre en montagne pour aider à l'extraction de minerais et le dernier, connu jadis sous le nom du Weyr d'Ista et situé au coeur de la forêt de la petite île du même nom, abritant des chevaliers aidant au transport des guérisseurs.

Assis au beau milieu d’un amas de fils, le jeune homme soupira. Cela semblait tellement plus simple sur les livres ! Enfin si on exceptait certains termes qu’il ne parvenait pas à comprendre. « Microprocesseur », « unité centrale » et autres « dérivations énergétiques » devaient être très importants vu la fréquence à laquelle ils revenaient sans cesse dans le manuel, mais impossible de savoir à quoi cela faisait référence exactement. Même les schémas sensés l’aider ressemblaient à un vrai casse tête !

Tout courbaturé d’être resté si longtemps dans la même position, Celhan se redressa, s’étira et décida de faire quelques pas, histoire de se dérouiller. Il s’avança jusqu’à la fenêtre et jeta un coup d’œil à l’extérieur. D’où il était, il avait une vue imprenable sur le site du 1er atterrissage. Il pouvait apercevoir les autres qui s’activaient à remettre en état les différents bâtiments ou du moins ce qu’il en restait. Ce spectacle le fit sourire rêveusement. Depuis la redécouverte du site, tant de choses avaient changées ! Tant de progrès avaient été faits ! Mais il restait aussi tant de choses à découvrir et sans l’aide du SIAAV, cela semblait vraiment insurmontable.

Celhan tourna la tête vers son enchevêtrement de câbles et de circuits imprimés. Parmi les choses insurmontables, cette tache en était une ! Quelle mouche l’avait piqué de se porter volontaire pour tenter de réparer cette machine ? En plus, il ignorait totalement son utilité. Sans grande conviction, il jeta un énième regard sur le manuel, se saisit de deux câbles qu’il assembla entre eux et croisa les doigts pour que cela fonctionne. La bête émit alors un drôle de ronronnement. On aurait dit un dragon en train de rêver. Mais la chance ne dura pas et le bruit s’arrêta. Frustré, le jeune homme jura haut et fort tout en envoyant un coup de pied bien senti à la machine récalcitrante.

Signe du destin ou simple hasard, la chose se mit alors à ronronner de nouveau tandis qu’une lumière verdâtre se mit à illuminer un écran à quelques centimètres de l’apprenti bricoleur. Retenant son souffle, il fit un pas en avant et se pencha pour examiner sa trouvaille. En face de lui, un cadran parcouru de lignes s’était allumé. Celhan tendit la main et touche l’écran mais rien ne se passa. Il avisa alors une série de touches juste à côté et se mit aussi à les manipuler. Sans grand succès à en juger par l’inertie de l’écran. Déçu, il s’apprêtait à délaisser sa trouvaille pour aller chercher de l’aide quand soudain, il y eut un drôle de son.

« Bip »

Le jeune homme tourna précipitamment la tête vers la machine mais celle-ci n’avait pas changé d’un poil. Voilà-t-il pas qu’il avait des hallucinations auditives maintenant !

« Bip »

Encore ce son. Celhan fronça les sourcils. Non, cela semblait bien trop réel pour être une divagation de son esprit. En plus, le son semblait provenir de l’écran ! Il rebroussa donc chemin et se pencha à nouveau vers le cadran.

« Bip »

Cette fois, il l’avait vu ! Il avait vu un point lumineux apparaître sur l’écran en faisant ce drôle de bruit puis disparaître presque aussitôt ! Sa curiosité poussait au maximum, il se concentra sur la mystérieuse machine et l’examina avec grande attention.

« Bip »

A nouveau, le point venait d’apparaître pour s’évanouir la seconde suivante. Seulement, quelque chose perturbait Celhan Sans savoir ce que représentait ce signal, il lui semblait pourtant que ce dernier s’était déplacé vers le centre de l’écran.

« Bip »

Oui, c’était bien ça ! Le point lumineux se dirigeait petit à petit vers le centre du cadran. En plus, on aurait dit que le temps entre chaque apparition était de plus en plus rapproché. C’était comme si il allait se passer quelque chose sans savoir de quoi il en retournait !

« Bip »

Encore ce son. Toujours plus proche mais plus proche de quoi ?

« Bip »… … « Bip »… « Bip » « Bip »

Soudain, la porte de la salle de contrôle s’ouvrit en grand. Celhan sursauta, surpris par cette intrusion imprévue. C’était un de ses compagnons de dortoir qui semblait terriblement excité.

« Mais qu’est-ce que tu fous ? Viens vite voir ! Y’a une boule de feu qui traverse le ciel ! »

Sans attendre davantage, notre apprenti bricoleur se précipita à la fenêtre juste à temps pour voir une traînée de feu et de fumée noire s’abîmait en mer à quelques encablures de l’atelier des dolphineurs. Bizarrement, à cet instant, le point lumineux avait disparu de l’écran mais ça, personne ne le remarqua !